Papier recyclé

Dès son apparition, il y a 20 ans, le papier recyclé nous a séduits. Nous avons appris à le travailler et à en maîtriser toutes les subtilités. Fabriqué à partir de papiers usagés et récupérés (chutes ou invendus de presse) il est évidemment très économe en ressources naturelles (forêts, eau, énergie) et respectueux de l’environnement (processus de fabrication sans chlore).

Qu’est-ce que le papier recyclé ?

C’est du papier fabriqué à partir de papiers usagés récupérés (post-consumer).

C’est fait comment ?

Par rapport à l’extraction des mêmes fibres cellulosiques de billes de bois, séparation de la lignine, puis décoloration de ces fibres, les opérations de recyclage des fibres des papiers usagés sont évidemment très économes en eau, en énergie et produits chimiques. Le rendement du recyclage est aujourd’hui de 80 % à 90 % (c’est-à-dire qu’on fabrique 800 à 900 kg de pâte recyclée avec une tonne de vieux papiers). Cela implique 10 à 20 % environ de déchets concentrés. En regard, sachons qu’il faut environ 3,5 tonnes de bois pour fabriquer 1 tonne de pâte classique.

Pourquoi ?

Économie de moyens : La forêt, l’eau et l’énergie sont des biens précieux menacés. Or, le papier classique en est fort consommateur, le papier recyclé très peu. Le problème des déchets devient un problème mondial majeur. Les papiers usagés y entrent pour 1/3. Le traitement des déchets est ruineux. La solution réside dans la récupération sélective des vieux papiers, le papier recyclé y apporte un débouché rentable. Les économies de bois, d’eau, d’énergie et de produits chimiques ont une incidence non négligeable sur les coûts ; de même que celles à réaliser sur le traitement des déchets. On sait que le papier est une des principales causes du déficit du commerce extérieur. Or, le papier recyclé doit pouvoir se satisfaire de ressources nationales, voire régionales.

C’est gris et ça boit.

Rappelons que le lissage du papier provient de la «couche» qu’on y ajoute, et pas du tout du fait que les fibres sont ou non recyclées. Il est vrai que les fibres recyclées perdent une petite partie de leur longueur à chaque recyclage. Cela peut avoir une incidence sur la rigidité de la feuille, mais cette incidence est faible pour la plupart des usages courants. Quant à la blancheur… c’est un choix. Les Allemands et les Suisses utilisent couramment des papiers très lisses… et très gris. En France, on reste soumis au «syndrome de la Mère Denis» (plus blanc = plus propre) et donc on blanchit les papiers à tour de bras.

Ça pollue ?

Toute production industrielle comporte nécessairement sa part de pollution, dès lors qu’elle utilise de la vapeur, de l’électricité, de l’eau et un minimum de produits chimiques. Répétons-le, le papier recyclé évite totalement la phase de trituration du bois pour en extraire les fibres cellulosiques. Celle-ci est fortement consommatrice en eau, en énergie (vapeur), en soude, et autres produits de blanchiment). Pour ce qui concerne les déchets encrés, il faut, là encore, faire la comparaison pour une tonne de papier produite entre : d’une part, les 200 kg de boues encrées produites par désencrage, puis séchées et concentrées, et d’autre part les 1200 kg de papier qui, non recyclés, envahissent les décharges (avec leurs encres), ou sont incinérés avec les problèmes de fumées que cela engendre, et auxquels il faut ajouter les 2 ou 3 tonnes de déchets de lignine produites par la trituration du bois. En revanche, l’escroquerie morale consiste à affirmer que le désencrage est plus polluant que la fabrication de papier à partir de pâte à papier importée. C’est faire bon marché de la pollution des pays exportateurs…
Enfin est-il nécessaire de préciser que toute pâte vierge doit être blanchie alors qu’un papier recyclé, si sa matière première est triée, permet d’obtenir une blancheur de l’ordre de 75 à 80 % sans cette opération, que le papier blanc (100 %) fatigue la vue (micro-éblouissement) et qu’il existe depuis quelques années des encres à destination des imprimeurs dons la base végétale permet leur biodégradabilité.

En conclusion 

Disons que tout papier peut être recyclé et que tous les papiers peuvent être réalisés en fibres recyclées ; que depuis une trentaine d’années nombreux sont ceux qui ont fait évoluer la technique et les esprits sur ce sujet et qu’aujourd’hui il ne s’agit plus ni d’un concept militant ni d’une guerre commerciale mais bien d’une nécessité vitale pour notre environnement et nos économies. Le papier recyclé n’a pas pour vocation à remplacer le papier de pâte vierge mais bien de limiter le gaspillage. Il doit être associé à une gestion écologique mondiale des forêts et à un moindre gaspillage de l’objet papier. Nos sociétés ont besoin des recycleurs pour libérer nos décharges et limiter les émanations toxiques liées à l’incinération des vieux papiers, les recycleurs ont besoin de papiers issus de pâte vierge ; le marché grandissant a besoin des uns comme des autres pour assurer l’approvisionnement d’une demande grandissante. Nous le voyons, le papier recyclé ne doit pas se réduire à un pour ou contre qui souvent ne sert qu’a dissimuler de simples intérêts d’entreprises ou incapacités techniques de certains en ignorant le facteur mondial que représente la sauvegarde de ressources naturelles épuisables en ce qui concerne leur biodiversité. A terme disons que les papiers recyclés sont destinés aux usages communs ne nécessitant pas des papiers aux contraintes mécaniques élevées ou de blancheurs importantes.